Fondée en 1988, la société a tout de suite développé “Aladdin”, un algorithme ayant pour objectif d’anticiper les fluctuations de marché. Cet algorithme a permis à BlackRock de faire fructifier ses actifs sous gestion, dont la société tire les richesses en prélevant un pourcentage sur les actifs confiés ainsi qu’une commission sur les performances réalisées. Dès 1999, BlackRock fait son entrée en bourse au prix d’une dizaine de dollars par action, contre 1120 dollars aujourd’hui.
BlackRock tire profit de la crise financière de 2008 en étant chargé par la Réserve fédérale de New-York d’assurer plusieurs milliards de dollars d’actifs. Le PDG de BlackRock, Larry Fink, aurait également conseillé les PDG des plus grandes banques ainsi que la FED à cette période.
BlackRock offre un choix de facilité pour ses clients, qui n’ont plus à se soucier de la gestion de leur argent. La société permet également d’investir facilement dans des sociétés non cotées en bourse, par la création de fonds spécialisés en private equity.
Aujourd’hui, BlackRock est la plus grande société gestionnaire d’actifs, avec plus de 11 000 milliards d’euros d’actifs, principalement aux États-Unis, mais également en France (la société, en date du 6 janvier 2020, était actionnaire de 24 entreprises du CAC40 pour un total de 52 milliards d’euros de participation).
Le poids économique de BlackRock, dont le nombre d’actifs gérés est plus de 3 fois supérieur au PIB de la France, est inquiétant. En souhaitant diversifier ses investissements, la société s’immisce dans le capital de journaux, de banques (JP Morgan et Bank of America, les deux plus grandes banques américaines), d’entreprises de télécommunication et de toutes les plus grandes entreprises américaines.
En détenant autant d’actions des plus grandes sociétés américaines, la stabilité du marché devient dépendante de BlackRock et des autres gestionnaires d’actifs, qui pourraient faire effondrer la bourse américaine en cas de vente simultanée de milliards de dollars d’actions.
Afin d’illustrer le poids des gestionnaires d’actifs, le cas d’Amazon est pertinent. Les 3 plus grosses sociétés du secteur (BlackRock, Vanguard et State Street) détiennent ensemble 16% des actions d’Amazon. De son côté, Jeff Bezos n’en détient que 9%.
Des gestionnaires d’actifs si importants causent un problème pour l’équilibre du marché et créent des situations de cartel. BlackRock, qui s’inscrit au capital de nombreuses entreprises d’un même secteur, est indifférent qu’une entreprise soit plus performante qu’une autre. car le gestionnaire possède des parts dans toutes les principales entreprises de chaque secteur. BlackRock ne cherche qu’à jouir d’un fort rendement. Alors, il est possible de penser que les grandes sociétés de chaque secteur ne cherchent pas à devenir plus compétitives, mais cherchent plutôt à maximiser leur profit. Ce comportement nuit aux consommateurs, qui ne pourront pas trouver d’alternative intéressante, car chaque alternative est détenue par les mêmes sociétés actionnaires.
Un autre problème d’équilibre de marché survient lorsque l’on observe que les plus gros investisseurs de chacun de ces 3 fonds d’investissements sont ces 3 fonds d’investissements eux-mêmes. Blackrock a de nombreuses actions dans ses concurrents Vanguard et State Street. L’inverse est également vrai.
Il est également inquiétant de constater le rapprochement entre les principaux gestionnaires d’actifs avec la sphère politique. BlackRock fait appel aux services de nombreuses personnes ayant eu des postes importants, tels que l’ancien ministre britannique des finances George Osborne, ou Friedrich Merz, qui était le successeur potentiel d’Angela Merkel.
L’hypothèse de conflits d’intérêts peut être soulevée lorsque la FED consulte Larry Fink pour résoudre la crise des subprimes et lorsque la Commission européenne contracte avec BlackRock pour que la société établisse une étude sur la finance durable, alors que celle-ci a de nombreux intérêts dans les énergies fossiles, ou dans des sociétés présentes dans des États ayant une gestion douteuse des libertés civiles (la Chine par exemple).
Sources :
- https://www.lemonde.fr/economie/article/2017/03/30/blackrock-aladdin-et-l-investissement-merveilleux_5103222_3234.html
- https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/09/25/affaire-blackrock-l-union-europeenne-doit-se-premunir-contre-tout-risque-de-conflit-d-interets_6053586_3232.html?search-type=classic&ise_click_rank=21
- https://www.lefigaro.fr/flash-eco/la-mediatrice-de-l-ue-denonce-un-contrat-entre-blackrock-et-bruxelles-20201125
- https://www.youtube.com/watch?v=ZxZO0jd8VoU
- https://www.blackrock.com/corporate
- https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/comment-opere-blackrock-le-geant-americain-dans-la-gestion-d-actifs-836480.html



